Alberto Ruce à la Galerie WAWI: Retour sur l’exposition “empatia
À la rencontre d’Alberto Ruce
L’exposition empatia s’est tenue du 30 septembre au 21 octobre à la Galerie WAWI. Il s’agissait de la première exposition en France de l’artiste sicilien Alberto Ruce. 12 œuvres composant la série ont été présentées au grand public. L’artiste travaille en France depuis 11 ans, principalement à Marseille. Il jongle entre le travail en atelier et la réalisation de fresques murales. Alberto Ruce se réclame d’un univers « onirique, poétique et délicat ».
L’artiste maîtrise de façon pointue l’usage de la peinture aérosol. Il commence par photographier des modèles de son entourage, affichant diverses expressions. Il s’imprègne ensuite de cette matière pour produire.
L'exposition était organisée par l’association Art murs dont les deux fondatrices, Sophie Ducloux et Sabine Meyer promeuvent des artistes du courant street art. Il s’agissait pour l’association de la première exposition organisée dans une galerie à proprement parler.
En pénétrant au sein de la galerie _à fortiori si on n’est pas familier du travail d’Alberto_ tout ce que l’on distingue c’est… rien. Rien à part des murs aveuglants de blancheur. Rien à part les ombres dessinées par les contours des œuvres, qui permettent d’identifier leur présence.
Les murs de la galerie, d’un blanc immaculé, semblent simplement agrémentés de taches de différents tons de blancs. Comme si l’exposition consistait à exhiber une espèce de camaïeu de blancs informe. On se demande si l’on va devoir, avec un sourire de circonstance et quelques phrases convenues, faire mine de s’émerveiller de la vacuité représentée. Un verre en Lambrusco à la main, on commence à faire le tour en lisant les étiquettes de titres.
Les oeuvres d’Alberto Ruce
C’est alors que la magie opère : en regardant fortuitement une œuvre déjà observée à priori, apparaît un détail, puis un autre, qui nous avait jusqu’alors échappé. Une crispation faciale, des mains jointes, un sanglot réprimé… Les œuvres d’Alberto se révèlent alors au regard tout en douceur, mais une part de secret demeure toujours. Le travail de l’artiste nous force au silence intérieur, indispensable pour laisser aux œuvres le monopole de l’expression.
Le sens des tableaux d’Alberto Ruce
Sans parole, mais en se dévoilant à son gré, la série empatia joue avec nos sens, et notre faculté à interpréter les émotions. On est jamais totalement certains d’avoir identifié l’état d’âme représenté. Les visiteurs se perdent en conjectures à ce sujet.
Les œuvres nous racontent leur histoire en plusieurs temps. C’est pour cela qu’on ne se lasse pas.
L’artiste, nous force en cela à la contemplation silencieuse mais aussi à revenir constamment sur nos pas afin de saisir toujours un peu plus des émotions exprimées par ses modèles.
C’est toute la démarche de la série empatia. Nous faire prendre conscience de notre incapacité à comprendre autrui de prime abord. De la nécessité de prendre du recul en passant outre nos préjugés, et les autres biais qui polluent nos interactions avec autrui.
Faire preuve d’empathie est parfois un réel défi dans un monde baigné de représentations et de points de vue bien arrêtés. Dans lequel nous éludons parfois la complexité de ceux que nous considérons comme « autres ». Alberto nous met face à nos propres contradictions.
Au vu du succès de cette 1ère exposition, Alberto Ruce est promis à un bel avenir en France.
Garry DEFERI